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Oh ! pour tes pleurs futurs, enfants, qu’on te pardonne !
À peine as-tu seize ans, et ton front chaque soir
Ne connaît qu’un baiser que ta mère te donne ;
L’amour n’a pas encore embelli ta couronne :
Tu fus méchante et folle, enfant, sans le savoir.

Bien des fois cependant, sur sa tête brûlante,
Paolo laissant courir le souffle de minuit,
Sans pouvoir apaiser sa fièvre dévorante,
S’asseyait et pleurait comme un enfant maudit.
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Hélas ! pauvre rêveur, la vision s’efface.
La lumière n’est plus, les feuilles ont jauni ;
Et les souffles du nord dispersent dans l’espace
Les parfums de la fleur et les chansons du nid.
Tu n’es plus dans les champs, mais sur la dalle nue,
Posant parfois la tête aux bornes de la rue.
Tu n’es plus au désert, dans les herbes perdu.
Entends-tu ces cris sourds ? dans la fange, vois-tu,
Affreuses, se traîner ces femmes en guenilles,
Êtres sans nom, jadis rieuses jeunes filles ?
Vois-tu ces noirs ruisseaux, sources d’impureté,
Qui ne sauraient croupir que dans une cité ?…
C’était un songe, enfant. Marie est sur sa couche,
Et son ange gardien veille encore au chevet.
Ce doux titre d’amant, ce n’était pas sa bouche