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Une rose échappée à ses mains virginales,
Il la vola, guettant pour qu’on ne le vit pas.
Puis, il rentra dans l’ombre où, se cachant encore,
Il baisa cette fleur, craintif et frémissant ;
Et, réveillant l’écho de la voûte sonore,
Pour revoir son amante il s’enfuit en courant.


III


Depuis deux ans, Paolo suivait ainsi Marie ;
Depuis bientôt deux ans, le soleil le trouvait
À la porte du vieil hôtel où la chérie,
Dans son repos d’enfant, souriante, rêvait ;
Et l’étoile du soir, dans quelque recoin sombre,
Le surprenait encor, caché, rêvant dans l’ombre,
Les yeux sur la fenêtre où, vague, par moment,
Une forme aux longs plis glissait confusément.
Il s’était fait son chien ; il restait des journées
À l’attendre, pour voir flotter sur ses cheveux
Du ruban de velours le nœud capricieux ;
Et, derrière un vieux mur, ces heures fortunées,
Paolo pour son salut ne les eut pas données.
Puis, dès qu’il l’avait vue, il tâchait de savoir
À quelle heure, en quels lieux, il pourrait la revoir.