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Dans l’ombre je venais, au détour du chemin,
L’attendre, en écoutant l’heure au clocher voisin.
Mais elle, toujours douce et toujours désolée,
Légère, elle glissait sur l’herbe de l’allée,
Et sans jamais me fuir, sans chercher à me voir,
Me jetait un souris plus triste chaque soir.

Enfin, je la suivis et je gagnais, dans l’ombre,
Sa chambre où pâlissait le jour déjà plus sombre.

Lentement, je poussai la porte et, quelque temps,
J’hésitai. Cette couche aux petits rideaux blancs,
Sur un siège noirci cet ouvrage d’aiguille,
Ce paisible univers de chaste jeune fille
M’apparut doucement si pur, si parfumé,
Que de ma chair l’orage un instant fut calmé.
La blonde et chère enfant, à la fenêtre assise,
De ses cheveux livrait les boucles à la brise,
Et, penchée en arrière, à mes yeux découvrait
Son sein demi voilé qu’un soupir agitait.

Et, dans toute ma chair, ce fut une brûlure,
Car je crus, en un vol, sentir l’haleine pure
Qui gonflait ce beau sein, m’effleurer d’un baiser.
Puis, comme un vent du soir dans l’air vint à passer,
En s’entr’ouvrant encor, la frêle broderie
Montra dans un rayon la fleur épanouie ;