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la campagne, soyez sûr qu’il ne s’en doutait pas lui-même. Et un poète idyllique serait venu lui lire un sonnet champêtre, qu’il ne l’aurait pas compris, et serait allé faire ronfler sa toupie.

Il y jouait, à la toupie, et aux billes, et au cheval fondu, de préférence avec deux de ses petits camarades de pension : Solari et Marius Roux. Solari est devenu sculpteur ; Marius Roux, romancier et rédacteur du Petit Journal. Tous deux sont restés ses amis les plus anciens, ceux des premières galopinades.

À douze ans, par conséquent en 1852, Émile Zola sortait de la pension Notre-Dame, pour entrer au collège d’Aix, en huitième.

Au collège ! c’était sérieux, cette fois. Maintenant, il est un grand garçon. La mère et la grand’mère se saignent aux quatre veines : Émile sera pensionnaire ! Seulement, pour qu’on puisse aller le, voir tous les jours au parloir et le dorloter comme par le passé, on quitte le Pont-de-Beraud, et l’on vient se loger en ville, rue Bellegarde.

En huitième, Zola fut d’abord à la queue de la classe. Mais, intelligent et réfléchi, plein d’une précoce prudence, il sentit qu’il était d’une famille moins aisée de jour en jour, que rien n’était plus incertain que l’avenir, qu’il ne serait jamais quelqu’un ou quelque chose que par son travail. De plus, il avait trop bon cœur pour ne pas essayer de donner une première satisfaction à sa mère et à sa