Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Eh bien, je veux ma part de ce rut des plaisirs !
Si je n’ai plus d’amour, j’ai toujours des désirs.
Oh ! je suis jeune, ardent ; que m’importe la femme !
Je ne crois plus au ciel, je ne crois plus à l’âme ;
J’ai le cœur d’une brute et, pour me contenter,
Dedans le premier lit je n’ai qu’à me jeter !
Allons donc, Rodolpho, sois un bon camarade !
Le vieux monde aujourd’hui finit sa mascarade ;
Il avait pris l’amour pour son déguisement,
Il remet, fatigué, son ancien vêtement.
Allons, fais comme tous ! la brute est revenue :
Chaque femme t’appelle, infâme et demi nue !

Oh ! je raille, je raille… Et toi, mon pauvre cœur,
Tu lis avec effroi ce que je viens d’écrire,
Te demandant, hélas ! quelle affreuse douleur
Peut me mettre à la lèvre un semblable sourire.

Oh ! je raille, je raille… Et bien loin, vers les cieux,
En nous fuyant l’amour a déployé son aile.
— Quand un enfant écrase un doux nid dans ses jeux,
Au printemps on entend sangloter l’hirondelle.

Quand la fleur voit s’enfuir le léger papillon,
Emporté dans les airs par ses ailes de flamme,
La rosée, en longs pleurs, tombe sur le gazon,
— Et, quand l’amour s’enfuit, on entend pleurer l’âme.