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Mon cher Alexis,

Vous me demandez quelques fragments de mes œuvres de jeunesse, pour accompagner l’étude biographique que vous avez bien voulu écrire sur moi. Je fouille dans mes tiroirs, et je ne trouve que des vers. Huit à dix mille dorment là, depuis vingt ans, du bon sommeil de l’oubli.

Il serait certainement sage de ne pas les tirer de leur poussière. Moi seul peux sentir encore leur parfum, ce lointain parfum des fleurs séchées, qu’on retrouve après des années entre les pages d’un livre. Mais je cède à vos désirs, je prends une poignée de ces vers d’enfant, et je vous les donne, puisqu’il doit être intéressant pour vos lecteurs, dites-vous, de voir par où j’ai commencé. Ils seront la pièce à l’appui, après le procès-verbal.

J’avoue que je cède aussi à un autre sentiment. De mon temps, nous imitions Musset, nous nous moquions de la rime riche, nous étions des passionnés. Aujourd’hui, l’imitation d’Hugo et de Gautier l’emporte, on a