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impuissante, sans conviction au fond et gagnée elle-même, s’aplatit devant l’écrivain original qui triomphe. N’ayant pu l’étouffer quelque vingt ans auparavant, les mêmes hommes le comblent maintenant d’une admiration banale et se servent de son nom consacré, pour tenter a nouveau d’écraser quelque débutant de grand avenir.

Telle est la fonction négative et l’utilité involontaire de la basse critique. Eh bien ! Émile Zola se trouve justement arrivé à l’heure où, ses adversaires lui ayant rendu le service de répandre son nom, le public est à se demander qui a raison de ces hommes ou de lui. Mille indices sont là qui ne trompent pas, Il est commencé, ce travail sourd, lent mais continu, dont j’ai parlé. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à parcourir toutes ces lettres d’inconnus qui lui arrivent quotidiennement. Ces lettres lui sont envoyées du monde entier. Il y en a dans toutes les langues. J’ai quelquefois passé un après-midi curieux à les feuilleter, avec une sensation particulière de cosmopolitisme, ne sachant même pas la provenance de certaines, déchiffrant à peine quelques noms propres dans les Russes, les Anglaises, les Suédoises, les Américaines, les Allemandes. les Espagnoles, et traduisant tant bien que mal les Italiennes, toutes pleines, celles-là, de l’emphase du midi.

Quant aux lettres de Français, elles sont de beaucoup les plus nombreuses. Voici de tous jeunes