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Non pas, certes, qu’il ne supporte point la critique ; mais, très entier dans ses opinions, dominateur comme, je l’ai dit, il se cramponnera à sa manière de voir, ne s’avouera jamais battu et s’efforcera passionnément de vous prouver qu’il a raison. En somme, tout en n’affichant aucune prétention tyrannique, tout en restant un charmant camarade qui vous traite d’égal à égal, tout en étant très capable de se tromper et d’en convenir, plus tard, quand le temps et la réflexion l’auront éclairé, il changera difficilement d’avis tout de suite et serait même, sur le moment, très malheureux, si quelqu’un arrivait par extraordinaire à le convaincre d’erreur. Esprit de dictature intellectuelle, formant un curieux contraste avec son accommodante bonhomie, avec son manque de volonté dans les actes quotidiens de la vie.

Sont-ce là des défauts véritables ? je l’ignore et m’en préoccupe peu. Ayant beaucoup approché Zola, et pendant des années, je n’ai fait que consigner ici, une aune, mes observations, m’efforçant de ne pas plus conclure en notant ses divers traits de caractère, que je n’ai jugé son talent en racontant l’histoire de ses œuvres. Cette partie de mon travail n’étant pas devenue plus que les autres un panégyrique ou un réquisitoire, me voici arrivé au bout de mon analyse, et je crois être resté un chimiste, prêt à tenir aussi bien compte de l’oxygène que de l’azote dans la constitution d’un corps.