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Il trouvait un grand charme pour sa part, à ces conversations qui se prolongeaient toute une soirée, à ces heurts d’idées qui, la discussion achevée, lui laissaient parfois dans l’esprit un ébranlement de plusieurs jours. Étaient-ce vraiment des discussions ? Oui et non ! Selon une expression plus caractéristique, qui est de Zola lui-même, c’étaient « des batailles théoriques entre gens qui, au fond, s’entendaient. »

D’autre part, les jeudis de Zola continuaient rue Saint-Georges, ces jeudis qui avaient commencé dans l’appartement de la rue des Feuillantines, il y avait quelque chose comme quinze ans ! Et ce fut là, rue Saint-Georges, que se rencontrèrent, pour la première fois, un groupe de jeunes hommes de lettres, que les journaux ont désignés parfois sous cette appellation énormément spirituelle : « la queue de Zola. »

Voici comment s’est formé ce petit groupe. J’ai déjà raconté de quelle façon j’avais fait la connaissance de Zola, en 1869. Sept ans plus tard, en 1876, Henry Céard, un jour, vint sonner rue Saint-Georges. C’était un dimanche. N’allant pas à son ministère ce jour-là, il avait eu l’idée de se présenter lui-même à l’auteur des Rougon-Macquart, en disant simplement : « J’ai lu tous vos livres et, les trouvant très forts, je viens vous voir. » Peu habitué à des visites pareilles, Zola accueillit le jeune visiteur presque avec embarras ; puis, comme c’était le jour