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membres du gouvernement, préfets ou ambassadeurs. Zola, qui venait d’arriver à Bordeaux, pour chercher à entrer dans un journal quelconque, en attendant des jours meilleurs, fit une heureuse rencontre. Le lendemain de son arrivée, comme il passait sur le port, il fut tout à coup hélé de loin par un vieillard, dont le visage exprimait une profonde stupéfaction. C’était M. Glais-Bizoin qui, avec M. Eugène Pelletan, avait dirigé la Tribune.

— Comment ! c’est vous ? cria-t-il. Vous n’êtes donc pas à Paris !… Mais d’où sortez-vous donc ?

— Je viens de Marseille, répondit Zola.

— Pourquoi n’êtes-vous pas venu à Tours ? Nous avons eu besoin de tant de monde !

Et le membre de la délégation se mit à énumérer les noms des anciens rédacteurs de la Tribune, tous casés depuis longtemps, et fort bien. Zola avoua alors à son ancien directeur, que lui, fort embarrassé, cherchait quelque chose. L’excellent M. Glais-Bizoin ne le laissa pas achever.

— Mais, mon cher, on va vous donner une préfecture ! Vous avez été de la Tribune, ça suffit.

Dès lors, Zola ne quitta plus Bordeaux. Il y fit même venir sa femme et sa mère, restées à Marseille. Quant à la préfecture, elle ne lui fut pas donnée tout de suite ; M. Glais-Bizoin le garda quelque temps comme secrétaire, après l’avoir présenté à Clément Laurier, qui s’était engagé séance tenante à lui donner la première situation vacante.