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il n’y a que deux hommes qui ne soient pas candidats : le garçon de bureau et moi. » Il arriva que, les actionnaires du journal étant nombreux, plusieurs durent se présenter dans la même circonscription et furent ainsi compétiteurs. Or, comme la Tribune se trouvait obligée de ne nuire à aucun de ses actionnaires, et qu’elle ne pouvait pourtant pousser plusieurs candidats à la fois, cette arme mémorable, aiguisée à grands frais en vue des élections, devint radicalement inutile. Pendant la période électorale, le journal fut même réduit au silence. Seulement, les rédacteurs recueillirent [sic] cet avantage imprévu qu’au lendemain du Quatre-Septembre, ce fut un titre d’avoir été rédacteur de la Tribune : sous le nouveau régime, tous les anciens collaborateurs et le garçon de bureau lui-même, se trouvèrent désignés pour avoir des places.

Ici, j’ouvre une parenthèse, car je m’aperçois que le moment est venu de parler une fois pour toutes des opinions politiques d’Émile Zola. De tempérament, il est incontestablement révolutionnaire, comme l’avait pressenti jadis M. Hachette, qui, après avoir lu ce simple conte pour les enfants : Sœur des pauvres, fit venir son jeune employé dans son cabinet et lui dit : « Vous êtes un révolté ! » Il est donc un de ces esprits indépendants que la hardiesse attire, que la solitude et l’impopularité n’effrayent pas, un de ces esprits toujours portés à être dans l’opposition. Lors de ses débuts, à l’époque de