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bouchés littéraires, il n’envisageait pas sans effroi cette période de perturbation générale. Aussi fut-il très heureux de retrouver là-bas M. Léopold Arnaud, directeur du Messager de Provence, feuille où avaient jadis paru les Mystères de Marseille. Ce dernier lui offrit aussitôt de lancer à Marseille un petit journal à un sou, en attendant que Paris fut rouvert. Le journal parut et s’appela la Marseillaise. Zola le rédigeait en entier avec l’aide de Marius Roux, son ami d’enfance, son collaborateur du drame : les Mystères de Marseille. Le succès fut d’abord très vif, la Marseillaise tira d’emblée à dix mille, chiffre considérable en province. Malheureusement, des difficultés d’installation et le manque d’outillage furent cause que le journal, au lieu de gagner, perdit bientôt.

Zola, inquiet, se décida alors à se rendre à Bordeaux, où venait de se transporter la délégation du gouvernement de la Défense nationale. Et ce fut là qu’il rencontra M. Glais-Bizoin, qu’il avait connu jadis au journal la Tribune, dont le digne homme était un des plus forts actionnaires. Pour faire comprendre ce qui va suivre, il faut dire ici un mot de la Tribune.

Cette feuille hebdomadaire avait été créée comme arme électorale, en vue des élections générales de 1869. Ses rédacteurs et ses actionnaires furent naturellement recrutés parmi les républicains ambitionnant une candidature. Zola disait en riant : « Ici,