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des dessins d’ingénieur. Il y en avait un amas ; tout l’Assommoir dessiné : les rues du quartier où se déroule le roman, avec les coins et l’indication des boutiques ; les zigzags que faisait Gervaise pour éviter ses créanciers ; les escapades dominicales de Nana ; les pérégrinations de la compagnie des buveurs, de bastringque en bastringue et de bousingot en bousingot ; l’hôpital et la boucherie entre lesquels elle allait et venait, dans cette terrible soirée, la pauvre repasseuse déchirée par la faim. La grande maison de Marescot était dessinée en détail ; tout le dernier étage, les paliers, les fenêtres, l’antre du croquemort le trou du père Bru, tous ces corridors lugubres où l’on sentait « un souffle de crevaison, » ces murs qui résonnaient comme des ventres vides, ces portes d’où sortait une perpétuelle musique de coups de bâton et de cris de mioches affamés. Il y avait aussi le plan de la boutique de Gervaise, chambre par chambre, avec l’indication des lits et des tables, et des corrections en plusieurs endroits. On voyait que Zola s’y était amusé pendant des heures, oubliant peut-être jusqu’à son roman, et plongé dans sa fiction comme dans un souvenir personnel. — Sur d’autres feuilles, il y avait des notes d’un autre genre. J’en remarquai deux en particulier : « vingt pages de description de telle chose, » — « douze pages de description de telle scène, à diviser en trois parties. » On comprend qu’il avait en tête sa description, formulée avant d’être écrite, et qu’il