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un canal avec barrage, comme il en avait vu en Allemagne, pays peu riche où l’on ne jette pas les millions par les fenêtres. L’ingénieur multiplie donc ses voyages, visite les environs, et, avec sa sûreté de coup d’œil, découvre aux portes de la ville, à trois kilomètres, une gorge où les pentes voisines amènent toutes les eaux de pluie. On peut barrer la gorge par une digue suffisante pour retenir les eaux. Et il se formera ainsi une « petite mer, » sorte d’immense citerne qui se remplira à la saison des pluies, et d’où il sera aisé de conduire l’eau jusqu’à Aix, par un canal très court et peu coûteux.

L’idée était simple, juste, scientifiquement praticable. Seulement, en matière de travaux publics, il y a loin de l’idée première à la réalisation. À partir de cette année 1837, François Zola se consacra tout entier à ce canal, le but désormais de sa vie. Mais que d’obstacles ! que de mauvais vouloirs à combattre, d’inerties privées et publiques à secouer ! Il fallait remuer ciel et terre, trouver des fonds, arriver à la formation d’une société, s’imposer aux autorités locales comme à l’autorité supérieure. Le voilà tout le temps par monts et par vaux ; courant de Marseille à Aix et d’Aix à Marseille, puis faisant des voyages à Paris. C’est dans un de ces voyages, en 1833, qu’il se maria.

Il avait quarante-trois ans, et celle qu’il épousait, dix-neuf. C’était une jeune fille née aux environs de Paris, à Dourdan (Seine-et-Oise) : très simple, et,