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grands magasins comme le Louvre ou le Bon Marché, et un roman sur les chemins de fer.

L’attrait de ces deux sujets consiste surtout dans leur modernisme, et je crois que l’auteur des Rougon-Macquart leur accordera un tour de faveur. D’une part, s’attaquer au nouveau commerce, raconter l’histoire d’un de ces immenses établissements qui occupent tout un peuple d’employés, le prendre à ses débuts modestes, une petite boutique s’accroissant de jour en jour, ruinant les maisons rivales, finissant par accaparer toute la vie commerciale d’un grand quartier de Paris ; et dépeindre en même temps l’étonnant milieu moderne, tout contemporain, produit par l’agglomération d’employés des deux sexes fourmillant dans un de ces prodigieux caravansérails : quel thème attirant pour l’auteur du Ventre de Paris !

D’autre part, un sujet bien inexploré aussi, et qu’il traitera prochainement, en s’y donnant tout entier, c’est le roman « sur les chemins de fer. » A Médan, en face de sa maison, au bas du jardin en pente terminé par une haie, passe la ligne de Normandie. Cent trains par jour montent ou descendent, donnant un petit ébranlement aux vitraux de la large baie de son cabinet de travail : trains express vertigineux s’engouffrant sous le pont au-dessus duquel passe l’allée de beaux arbres qui conduit à la Seine ; trains omnibus que l’on entend venir de plus loin, puis dont le bruit se prolonge dans