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chapitres s’empilaient. Bientôt, près de la moitié de l’œuvre se trouva faite. Tout se passait donc à merveille, lorsqu’une circonstance regrettable se produisit ; regrettable moins pour l’œuvre, qui heureusement n’en souffrit pas, que pour la santé physique et morale de l’auteur.

Voici. On était alors fin septembre. Depuis cinq mois environ, un nouveau directeur était entré au Voltaire, avec l’idée de lancer le journal par la publication en feuilleton de Nana, tambourinée partout. D’un autre côté, dans sa période de gêne et d’obscurité relative, Zola pouvait sans aucun inconvénient laisser le journal commencer la publication de ses romans, avant que lui les eût terminés. Une avance de quelques chapitres lui suffisait pour ne pas se laisser rejoindre ; et cela, sans rien sacrifier à la hâte, sans tomber dans la fabrication. Donc, cette fois encore, n’étant plus pressé par le besoin d’argent, mais étant pressé par l’impatient directeur du journal, il crut devoir céder. Le Voltaire annonça donc Nana pour le 15 octobre.

Mais Zola se rendit compte de son imprudence, lorsqu’il était trop tard pour revenir sur sa décision. Le Voltaire s’était livré à une véritable débauche de publicité, multipliant partout les affiches : dans les journaux, sur les murs, sur la poitrine et au milieu du dos d’une légion de « sandwichs, » et jusqu’à l’extrémité du tuyau en caoutchouc où l’on prend du feu, dans chaque bureau de tabac. « Lisez Nana !