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fleurs, est bien vieille. Mais c’étaient de véritables fleurs de vice que nous lui apportions, ou qu’il récoltait ainsi lui-même, à droite et à gauche : faisant d’ailleurs, ensuite, un triage sévère, résistant souvent à l’attirance de leur beauté maladive, lorsqu’elles n’entraient pas dans la logique de son sujet ; en un mot, ne cédant pas à l’imagination, cette faculté dangereuse que Balzac appelle, avec raison, « une cause d’irrégularité et d’égarement dans la production des œuvres d’art ! »

Tous ses matériaux amassés, puis triés, assimilés, distribués méthodiquement dans un plan, — besogne qu’il fit au milieu de la paix des champs, dans son vaste cabinet de travail de Médan, inauguré au printemps de 1879, — Zola écrivit en très grosses lettres, au haut d’une page, Nana, — titre dont la brièveté et la simplicité le ravissaient, — et commença son premier chapitre. Toute une moitié de l’œuvre fut composée dans la plus profonde solitude, non sans un petit frisson intérieur, quelquefois, le matin, à la pensée qu’il ne fallait pas faire, cette fois, plus mal que l’Assommoir ; en somme, en plein calme et dans une parfaite santé littéraire. Chaque mois, il faisait un chapitre, quarante à quarante-cinq pages, en une quinzaine de jours de travail ; les jours de feuilleton dramatique du Voltaire, et son article de Russie écrit en une semaine, plus un court voyage à Paris, occupant les quinze autres jours. De mois en mois, les