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le vice d’en bas, celui des crémeries et des hôtels garnis. Plus tard, ayant de l’argent à sa disposition, mais absorbé par son idée fixe de littérature, ne sortant jamais de chez lui que pour des courses hâtives, rentrant moulu, souvent en rage contre la bêtise universelle, et ne se retrouvant heureux que dans son intérieur, notre romancier ne s’était point aventuré dans le monde des actrices pour rire et des « belles-petites. » Là encore, comme pour la Curée, pour le Ventre de Paris et la Faute de l’abbé Mouret, il eut besoin d’aller aux renseignements, afin de voir certains coins de vérité et de deviner le reste. Il connaissait bien les coulisses des théâtres, car il avait déjà fait jouer trois pièces. Depuis longtemps, ses documents étaient pris sur le mouvement de la scène, les artistes, les figurants, les machinistes, les dessus et les dessous des planches. Mais il n’était jamais allé dans les coulisses des Variétés, le théâtre qu’il avait choisi comme terrain de son roman, et ce fut un de nos auteurs dramatiques les plus parisiens, M. Ludovic Halévy, qui lui servit d’introducteur. Ils y passèrent ensemble toute une soirée, pendant une représentation de Niniche.

Un homme du monde, très parisien aussi et très initié, dont Zola avait fait la connaissance chez Flaubert, déjeuna au café Anglais avec lui, en tête à tête, dans un cabinet particulier ; et là, après le café, sur le champ de bataille même, l’ancien viveur, fouillant dans ses souvenirs de haute cocotterie, se