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au milieu la publication d’un feuilleton, que, d’ailleurs, je me hâte de le dire à sa louange, il eut l’honnêteté de payer en entier.

Sur ces entrefaites, M. Catulle Mendès, qui gouvernait alors une revue littéraire, la République des lettres, vint demander à Zola de lui laisser publier la partie du roman devant laquelle le républicanisme du Bien public avait reculé. Ce fut un beau moment pour la République des lettres, qui ne regretta pas les mille francs que son directeur avait offerts au romancier, et qui, pendant quelque temps, fut une revue très lue et très discutée. L’Assommoir n’avait pas encore paru en librairie, qu’on s’était déjà beaucoup plus occupé de lui que de ses aînés. Un vent de discussions passionnées était dans l’air. Et je me souviens que, dès cette époque, un de mes amis, M. Tony Révillon, qui suivait le roman dans la République des lettres, me fit la prédiction suivante :

— Dites donc à Zola qu’il peut être tranquille : son livre se vendra comme des petits pâtés… L’Assommoir sera un succès extraordinaire.

Zola lui-même, porté à voir les choses en noir, espérait bien un succès ; mais ses espérances les plus audacieuses n’allaient pas très loin.

— Je serais joliment content, me disait-il, si celui-ci atteignait une dixième édition.

Après le succès énorme, qui dépassa de beaucoup ses prévisions, avant de se mettre tout de suite à