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M. Charpentier ne perdait pas d’argent ; la série devenait en librairie une bonne affaire. Seulement, pas de passion parmi le public ; pas d’enlevage. Dans les journaux, je ne dirai pas une conspiration de silence, mais de l’inattention, une pente générale des esprits à s’occuper de toute autre chose que de critique littéraire, un désintéressement de l’art étouffé par le vacarme politique. De loin en loin, pourtant, un aboiement forcené de M. Barbey d’Aurevilly ; ou bien, dans le Siècle, quelque étude polie, mais à vue courte de M. Charles Bigot, passant à côté de la question. Tout cela était maigre de résultats, après six œuvres représentant plus de six années de travaux excessifs, une somme d’efforts considérables. Être tourmenté du besoin d’arriver maréchal de la littérature, songez donc ! et rester simple capitaine ! Tel était l’état d’esprit de l’auteur des Rougon-Macquart.

Et dire que ce succès, qui ne venait pas, en France, — qui commençait pourtant à se dessiner à l’étranger, en Russie, — dire qu’il suffisait peut-être d’un rien pour le déterminer ! Le moindre heureux hasard pouvait être l’étincelle qui met le feu à la poudre.

Quant au romancier, loin de se décourager des lenteurs du succès, il fit ce que font les forts en pareil cas. L’été étant venu, il partit avec sa femme et sa mère, pour passer trois mois à Saint-Aubin ; là, en face de l’Océan, il se mit à chercher le plan de l’Assommoir.