Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée

celui des cinq dont l’auteur s’est décidé plus tard à faire un ministre, ayant reçu le prénom. d’Eugène dans les premiers volumes de la série, il a bien fallu lui conserver ce prénom. Maintenant, cela étant un fait accompli, quand sept ans plus tard le romancier s’est mis à composer son personnage, j’avoue qu’il a pris à la réalité, c’est-à-dire à l’ancien ministre M. Rouher, deux ou trois choses, telles que : l’attitude du vice-empereur à la tribune, sa façon de combattre les arguments de l’opposition, sa manie de s’amuser à faire des réussites. Mais, à part ces deux ou trois points, je crois bien que le romancier s’est plutôt mis lui-même dans la peau de son ministre : Eugène Rougon, ce chaste qui échappe à la femme et qui aime le pouvoir intellectuellement, moins pour les avantages que le pouvoir procure que comme une manifestation de sa propre force, Eugène Rougon, c’est pour moi Émile Zola ministre, c’est-à-dire le rêve de ce qu’il eût été, s’il eût appliqué son ambition à la politique.

Le succès de, Son Excellence Eugène Rougon, pas plus que celui des romans précédents, ne répondit aux espérances de cet ambitieux de lettres. C’était pourtant le sixième de la série ; et, six volumes, cela forme déjà un tas ! Les premiers s’étaient vendus tout d’abord à deux éditions ; le sixième se vendait peut-être à une édition ou deux de plus ; en outre, l’apparition de chaque nouvelle œuvre en faisait filer quelques centaines des précédentes. Certes,