lui furent communiqués verbalement par un prêtre défroqué. Enfin, plusieurs matins de suite, dans la petite église Sainte-Marie des Batignolles, les rares dévotes qui entendent les premières messes, ont dû être édifiées par la présence d’un homme assis à l’écart, son paroissien à la main, suivant les moindres mouvements du prêtre avec une attention si profonde, qu’elle eût pu passer pour du recueillement. Cet homme assistait à plusieurs messes de suite ; puis, de temps en temps, avec un bout de crayon, il griffonnait à la hâte deux ou trois mots, dans la marge de son livre. Eh bien ! le fidèle si attentif n’était autre que l’auteur des Rougon-Macquart préparant la Faute de l’abbé Mouret. Je me souviens de l’avoir accompagné ainsi à l’église, un matin, et d’avoir assisté, sans y comprendre grand’ chose, à une représentation de ce drame mystérieux qu’on appelle « la messe. » Pour en pénétrer les moindres péripéties, il dut recourir aux explications de certains manuels spéciaux à l’usage du clergé. Le poème en prose qui est la seconde partie du roman, le Paradou, lui coûta aussi des recherches considérables. Ce fut un long et, par moments, douloureux effort. Les larges descriptions de plantes, de fleurs, qui s’y trouvent, n’ont pas été prises seulement dans les catalogues, comme on l’a dit ; le romancier a poussé la conscience jusqu’à aller dans las expositions horticoles, afin de décrire chaque plante sur la réalité. Il a également mis là son vieil
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