Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

toujours fort détaillé. Il y utilisa certains souvenirs anciens sur Aix, un curieux intérieur de famille qu’il avait connu jadis, certaines histoires scandaleuses, réellement arrivées, et qu’il arrangea pour les besoins du drame. Quant au cas particulier de la folie de Mouret, tout le caractère de cet homme qui n’est d’abord pas fou, mais qui passe pour l’être, puis qui, à force de passer pour l’être, finit par le devenir, l’idée en est tirée d’un de ses anciens articles de l’Événement, intitulé : Histoire d’un fou. Il exécuta le livre en s’y donnant tout entier comme à l’ordinaire, mais sans grand contentement artistique. Et, chose curieuse, le volume s’est constamment vendu moins bien que les autres. Même aujourd’hui, dans la grande impulsion de vente que le formidable succès de l’ Assommoir et de Nana a communiquée à toute la série, la Conquête de Plassans est restée un peu en arrière ; tandis que des livres où rien ne semble devoir passionner le public ; tels que le Ventre de Paris, l’ont dépassée comme vente. D’où il résulterait qu’en art le succès est toujours pour les notes extrêmes, et que la foule est une femme qu’il ne faut pas courtiser, car elle ne demande qu’à être violée.

Avec la Faute de l’abbé Mouret, notre romancier se permit de nouveau une belle débauche d’art. L’œuvre est divisée en trois parties distinctes. au milieu de deux parties où la réalité est côtoyée de près, éclate brusquement la fantaisie d’une sorte de poème en prose, imité de la Genèse. Et, à ce propos,