Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

Alors, qu’arrivait-il ? Le succès qui devait enfin éclater, énorme, cinq ou six ans plus tard, avec l’Assommoir, se serait peut-être produit plus tôt. Chacun, en ce temps-là, n’aurait parlé que de la Curée, tandis que ce livre, comme le précédent, au milieu des préoccupations politiques, passa presque inaperçu, n’obtint que deux ou trois articles, et fut modestement vendu tout d’abord à deux éditions.

Pour écrire l’ouvrage, Zola eut à surmonter un ordre de difficultés tout nouveau, contre lequel il ne s’était pas encore heurté. En effet, la Curée se passe entièrement dans le haut monde de l’Empire, dans un milieu luxueux où il n’avait jamais pénétré. Il lui fallut donc toute sa perspicacité et sa divination pour arriver à dépeindre sans erreur grossière ces régions ignorées. Il se donna beaucoup de mal. Rien qu’au sujet de la question « voitures, » il dut aller interroger deux ou trois grands carrossiers. Pour décrire l’hôtel de Saccard, il se servit surtout de l’hôtel de M. Ménier, à l’entrée du parc Monceau ; mais, n’en connaissant pas alors le propriétaire, il ne prit que l’extérieur. Plusieurs années après, étant allé aux soirées de M. Ménier, il regretta de n’avoir pas vu autrefois l’intérieur, bien plus typique que ce qu’il avait dû imaginer. La grande serre de Renée fut faite sur la serre chaude du Jardin des plantes, que le romancier obtint l’autorisation de visiter, et où il nota, en une après-midi, l’aspect des plantes les plus curieuses. Ce qui lui demanda plus de temps et