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XXVIII

LE RÊVE


C’était une plaine vaste et silencieuse, vaste comme le désert, muette comme la mort.

Là-haut, dans un doux mystère, pareille à un vaisseau doré, la lune voguait lentement sur l’azur sombre de la nuit.

J’étais à cheval sur un coursier fantastique qui dépassait les vents ; sa blanche crinière balayait la terre.

Dans la verte prairie mon coursier fuyait, sans toucher de ses pieds l’herbe du sentier.

Nous allions sur notre route avec la vitesse du rêve, comme deux esprits d’un autre monde, comme deux fantômes.

Nous volions aux rayons de la lune avec la rapidité de la pensée quand la douce espérance vient éveiller le cœur.

Tout à coup mon coursier s’arrête ; il avait aperçu trois ombres dans la plaine.