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pensée, et ma pensée volait aussi rapidement que moi dans le ciel.

Moi, je traversais en fuyant de grands amas de glaces ; elle, traversait de grosses masses de nuages.

Car nous allions bien loin : elle, à la recherche d’une étoile ; moi, à la rencontre de mon pays.

En vain les arbres du chemin penchaient-ils leurs branches, secouaient-ils des flocons blancs sur ma route.

Le ciel en vain se couvrait d’orages, et la plaine de couches de neige.

En vain les loups, sortis des forêts, me poursuivaient-ils en hurlant avec le vent glacial de l’hiver.

Et les loups qui hurlaient, et les arbres muets restaient loin derrière moi, perdus dans les brumes épaisses.

Car nous allions bien loin : ma pensée et moi : elle, à la recherche d’une étoile ; et moi, à la rencontre de mon pays.

Dans mon beau pays, il est des chemins fleuris ; vole, ô mon coursier ! vole rapidement vers mon beau pays.

Là-haut, dans cette étoile céleste, il est un ange divin, vole, ô ma pensée ! vole là-haut auprès de mon ange.

Le pays n’est plus bien loin… Mon cœur le pressent déjà, et déjà le paradis est dans mon âme.

L’astre monte lentement dans les régions célestes, et mon bel ange m’a déjà souri du sein du paradis.

Effacez-vous, nuages épais ; voici ma douce étoile. Adieu, terre étrangère, voici mon beau pays.