Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un long éclair sillonna l’espace et soudain, à sa lueur blafarde, la main invisible du Zméou enleva la jeune fée des bras de son amant… Puis tout disparut, le nuage s’effaça, et l’azur céleste brilla dans toute sa splendeur au dessus de la terre.


VI


Où donc est Mariora Floriora, la charmante fée, la sœur chérie des fleurs, la douce compagne de l’aurore ? dans quelle contrée a-t-elle émigré ! sur quels rivages a-t-elle arrêté ses pas ? A-t-elle traversé neuf grands pays et franchi neuf océans immenses ? s’est-elle envolée dans la région des étoiles, au beau pays des fées ? Nul ne le sait, nul ne pourrait dire où se trouve en ce moment la douce merveille.

Mais à l’heure de minuit, lorsque la lune est à moitié de sa course, on entend d’étranges chuchotements venir des montagnes et une voix mélancolique chanter ainsi :

« Fleurs de muguet, fleurs du printemps, mon cœur est aussi pur que vos blancs calices ; mais, hélas ! chaque souffle du vent y fait naître un brûlant regret :

« Est-ce le vent délicieux du printemps ? Il m’apporte le regret du beau pays de Moldavie.

« Le vent souffle-t-il à travers les fleurs ? il m’apporte le regret de mes sœurs chéries.

« Souffle-t-il à travers les chênes ? il m’apporte le regret de mon bien-aimé.

« Oh ! mon doux ami, combien mon cœur gémit amèrement de ton absence ; viens, accours auprès de moi ; viens m’apporter ton amour, car la solitude est bien