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extase en admirant sa ravissante maîtresse, et lui disait : « Oh ! ma bien-aimée Floriora, ma blanche colombe, que tu es belle dans l’enivrement de l’amour ! Oh ! reste encore là, près de moi, afin que j’admire toujours et que je caresse ta chevelure soyeuse et que je te donne toute mon âme dans mon dernier baiser. »

La fée l’écoutait avec des larmes dans les yeux, puis elle riait comme un enfant, s’éloignait, se rapprochait de son amant comme un papillon voltigeant autour d’une fleur ; tantôt elle cachait sa gracieuse figure dans ses cheveux, tantôt elle la montrait souriante à travers ses boucles dorées, tantôt elle chantait gaiement comme un oiseau.

Tout à coup cependant elle s’arrêta, fit un signe mystérieux dans l’air, et soudain apparut une table richement ornée et couverte d’un voile brodé d’or. À sa vue les deux amants se réjouirent follement ; ils y prirent deux verres et portèrent un toast à leur bonheur en disant :

« À nous l’amour et la vie ! jouissons de la jeunesse, de la beauté et des trésors que Dieu a mis dans nos cœurs. »


IV


Le lendemain Floriora se couvrit de ses plus beaux ornements et sortit de la chaumière à la lumière du soleil ; elle fit un nouveau signe mystérieux dans les airs et soudain s’avança vers elle un char léger et mignon comme le nid d’une fée. Les deux amants y montèrent, et Floriora s’adressant au coursier, lui dit : « Mon beau coursier à la robe frisée, lève ta crinière au vent et ton