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et patient ferait une œuvre utile et bonne s’il consacrait sa vie à écrire cette histoire. Et ceci est un devoir à remplir que j’indique à quelqu’un des vôtres. Un peuple opprimé qui aspire à reconquérir une nationalité indépendante, ne doit jamais négliger de faire connaître aux autres peuples, non-seulement son origine, mais encore toute la série des faits qui l’ont conduit depuis les temps anciens jusqu’à nos jours. L’on hésite quelquefois, parce que l’on a beaucoup de faits d’oppression à signaler. Mais de pareilles considérations ne peuvent arrêter que les cœurs pusillanimes. Leur faiblesse, relativement aux forces envahissantes, ne saurait jamais être imputée à crime aux nations envahies.

Vous êtes de noble origine, Monsieur ; vous descendez de ces colonies militaires que Trajan et les empereurs romains, ses successeurs, établirent sur les bords du Danube, lorsqu’ils étaient obligés de guerroyer sans cesse contre les Daces et les Pannoniens, qui faisaient des incursions sur les terres de l’empire. À cette époque, vous avez été placés à l’avant-garde de la civilisation menacée par la barbarie. Ce n’est pas votre faute si, dans ce grand flux de populations qui jeta l’Asie sur l’Europe, vous avez été débordés. Vous m’apparaissez, dans ce lointain historique, semblables au