Page:Alexandri - Les Doïnas, 1855.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs glaives nus, et crois-moi, petite sœur, il y aura bien du sang de versé dans les hordes ennemies.

« Car notre vieux père est impitoyable pour les païens, quand il se précipite dans la mêlée ; notre père est un Romain fort et vaillant comme le prince Étienne-le-Grand, et il a du bonheur au sein des combats.

« Je ne redoute rien pour lui, mais, hélas ! je frémis en pensant à mon ami Lissandre, qui est si jeune encore et que j’aime tant !

« Mon doux ami n’a chassé jusqu’à ce jour que des oiseaux de proie et des cerfs aux grandes cornes ; c’est la première fois de sa vie qu’il va faire la chasse aux Tatares.

« Et j’ai bien peur, et mon cœur se brise quand je pense à lui, car il aime beaucoup les dangers ; il aime beaucoup à faire des actions valeureuses, mon jeune bien-aimé !

— Tais-toi, ma chère enfant, ne pleure pas d’avance sur le sort de ton amant, car te préserve le Seigneur Dieu de parler ainsi dans une heure fatale !

« Allons plutôt au monastère pour avertir le saint ermite de brûler de l’encens et de prier Dieu, afin qu’il ne reste plus de trace de Tatare sur la terre. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

L’armée victorieuse a fait disparaître l’ennemi féroce ; il n’en reste plus de trace sous le soleil ; et maintenant voici nos braves Romains qui retournent aux montagnes, conduits par leur vieux capitaine.

Mais, hélas ! la malheureuse jeune fille cherche en vain son amant parmi les guerriers ; il avait succombé dans la mêlée après avoir fait des actes d’héroïsme !…

Les vieillards de mon pays assurent qu’il y a dans