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VIII

GROZA LE BRIGAND


Pâle comme le cierge qui brûlait à sa tête, Groza le brigand gisait sur une vieille planche au seuil de la prison ; il dormait du sommeil éternel et personne au monde ne versait une larme sur sa mort.

La foule rassemblée autour de lui regardait son cadavre avec un sentiment de tristesse ; parfois des frissons de terreur semblaient parcourir cette foule ; d’aucuns faisaient le signe de la croix ; d’autres frappés de surprise, la main collée sur leurs joues, murmuraient :

« Est-ce bien là ce Groza si célèbre dans tout le pays, ce brigand si altéré de sang ? Est-ce bien lui, Groza, cette bête féroce qui, sans peur pour le noir péché, a détruit tant et de si belles existences ; lui qui a foulé aux pieds jusqu’à la religion ?… »

Voilà que du sein de cette foule sort un vieillard à longue barbe qui s’avance vers Groza ; il tire de sa bourse deux pièces de monnaie, et après avoir baisé la