Front contre front, poitrail contre poitrail, ils se heurtent tous à la fois, et la vallée retentit du bruit de ce choc terrible ; la lutte commence ! ils sont tous engagés dans la mêlée, tous enivrés de l’odeur du sang.
Hourra ! frères ! Les chevaux hennissent ; l’air étincelle au-dessus de leurs têtes ; hourra ! Voici la mort qui apparaît déjà parmi eux ; voici le vautour qui s’est arrêté dans son vol.
Pendant toute la durée d’un long jour d’été les braves se frappent à mort de leurs armes aiguisées et de leurs poings amortis.
Le sang coule à flots sur la route, les voix s’éteignent dans les gosiers. Dix combattants sont tombés ; deux seuls restent encore debout : le beau Mihaïu et André Popa.
Mais André a perdu un de ses bras dans la mêlée ; il fuit, saisit son cheval près de la fontaine, saute dessus, suspend son corps à la selle et dit :
« Vole comme le vent, ô mon coursier rapide ! arrache-moi aux tourments cruels, je jure de te soigner comme un frère si tu parviens à me sauver. »
Le coursier léger s’élance… mais en vain ! car Mihaïu les a aperçus et s’écrie : « Attends un peu, brigand de prêtre ; je veux t’apprendre qui je suis… »
Il dit, tend son fusil et envoie une balle dans le front du brigand. Hourra ! du haut des nuages le vautour a poussé trois fois des cris de joie.
lire dans l’original ; pour comprendre ce que le Rouman attache d’idée de suavité dans le mot Doïna ; pour sentir ce qui se passe dans l’âme du poëte en présence de cette belle nature qu’il a chantée, dans ses Adieux à la Moldavie, dans son Retour au Pays, il faut, comme le dit Gœthe, « aller dans le pays du poëte. »