plir mon vœu au prix de mon âme, que je te cède pour l’éternité. »
Elle dit, et tout à coup la vallée et la montagne retentissent d’un bruit étrange ; les corbeaux croassent au sein des nuages, et sur la branche élevée d’un arbre reluisent soudain deux yeux ennemis.
« J’amènerai près de toi ton bien-aimé, dit à la vieille Kloantza une voix effrayante, mais à condition que tu me prennes sur tes épaules, et que tu fasses trois fois le tour de l’étang à travers les fleurs et les serpents de ses bords. »
La vieille Kloantza accepte sans plus songer au péché mortel qu’elle commet. Elle part en emportant Satan qui grince affreusement des dents, et qui blasphème tout le long de la route.
Elle saute, la vieille, elle court, elle vole, aiguillonnée par son ardent désir, pareille à un hibou qui s’élance vers un ruisseau pour se désaltérer… Elle court, et derrière elle le fuseau se dévide en roulant dans les herbes.
Elle fuit, la vieille échevelée, semblable à un tourbillon de poussière ; elle court sur le rivage glissant, et dans le silence profond de la nuit, Satan hurle, hurle toujours.
Des milliers d’esprits infernaux sortent aux rayons de la lune, glissent à travers les roseaux de l’étang et poursuivent, en sifflant, la folle Kloantza, qui saute et prononce des exorcismes.
La forêt retentit d’un long éclat de rire jusque dans ses profondeurs ; la vallée et la montagne y répondent par un autre éclat de rire plus effrayant encore, mais elle ne s’en émeut pas.