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— À quelle horrible action vous m’avez poussée, père ! dit la princesse au métropolitain, et elle le suivit en pleurant. »

Les deux jeunes boyards rentrèrent dans la chambre du malade.

Le poison n’avait pas encore commencé à faire son effet. Lapuchneano, dans son lit, sur le dos, était calme, mais d’une pâleur extrême. Lorsque les boyards furent entrés, Lapuchneano les considéra pendant longtemps, et ne pouvant les remettre, il leur demanda qui ils étaient et ce qu’ils voulaient.

« Je suis Stroïtsch, répondit l’un.

— Et moi Spanciok, ajouta l’autre. Ce que nous voulons, c’est de te voir avant ta mort, ainsi que nous te l’avions promis.

— Oh ! mes ennemis ! murmura Alexandre.

— Oui, je suis Spanciok, répéta celui-ci. Spanciok que tu voulais tuer lorsque tu fis assassiner les quarante-sept boyards, et qui n’a échappé à tes embûches que par la fuite ; Spanciok, dont tu as spolié la fortune et réduit la femme et les enfants à la mendicité.

— Au secours ! je brûle ! j’ai du feu là… dit le malade en portant les mains sur son estomac.

— Dis : « Délivrez-moi, Seigneur, » car tu vas mourir : le poison fait son effet.

— Oh ! vous m’avez empoisonné, monstres ! Dieu de miséricorde, ayez pitié de mon âme ! Oh ! quel feu !… Où donc est la princesse ? où est mon enfant ?

— Ils sont partis, et t’ont laissé avec nous.

— Partis ! Ils m’ont abandonné ! ils m’ont laissé seul avec vous ! Oh ! tuez-moi !… de grâce, tuez-moi ! Déli-