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vous tue tous. » Et sa main se mit à chercher une arme autour de lui, mais ne trouvant que le chaperon, il le saisit avec fureur et le lança sur la tête de l’un d’eux.

Aux cris qu’il poussait, la princesse et son fils, le métropolitain, les boyards et les domestiques accoururent dans l’appartement.

C’est dans ce moment qu’étaient arrivés les deux jeunes boyards que nous venons de voir s’arrêter à la porte pour écouter.

« Ah ! vous m’avez tonsuré ! s’écriait Lapuchneano d’une voix rauque et effrayante ; vous croyez vous débarrasser de moi ? Chimère ! Avec l’aide de Dieu ou du diable, je me rétablirai, et alors…

— Ne blasphème pas, malheureux ! interrompit le métropolitain. Tu oublies que tu touches à l’heure suprême ! Songe, pêcheur, que tu n’es plus prince, mais un simple moine. Songe que tu effraies, par les cris et tes blasphèmes, cette femme innocente et cet enfant, espoir de la Moldavie…

— Scélérat hypocrite ! reprit le malade se débattant pour sortir de son lit ; tais-toi, car moi qui t’ai fait métropolitain, moi j’ai le pouvoir de te défaire ! Ah ! vous m’avez tonsuré, mais si je me rétablis, je vais en tonsurer aussi plus d’un ! Quant à cette chienne (et il montrait du doigt la princesse), je la couperai en quatre morceaux avec son petit, pour qu’elle n’écoute plus les conseils des scélérats et de mes ennemis. Il ment, celui qui dit que je suis moine. Non ! je ne suis pas moine : je suis le prince Alexandre. À moi, gardes ! Où donc sont mes braves ? Accourez, frappez, frappez à mort ! c’est moi qui vous l’ordonne. Tuez-les tous, qu’il n’en