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cruauté lui apparaissaient hideuses et effrayantes ; il lui semblait les voir l’appelant devant le tribunal de l’éternelle justice. Il se retournait en vain sur son lit de douleur, il ne pouvait y trouver le repos.

Un jour, il fit appeler près de lui le métropolitain Théophane, les évêques et les boyards, et, après leur avoir déclaré qu’il se sentait arrivé au terme de la vie, il leur demanda pardon à tous avec beaucoup d’humilité. En même temps, il leur recommanda son fils Bogdan, qu’il instituait son héritier, en les priant de l’aider de leurs lumières, car un faible enfant, disait-il, ne saurait, s’il était abandonné à ses seules forces, ni se défendre contre les ennemis puissants dont il est entouré, ni défendre la patrie. Quant à moi, ajouta-t-il, alors même que je viendrais à me relever de cette maladie, je suis résolu à aller finir mes jours dans le monastère de Slatina ; aussi je vous demande en grâce, Pères évêques, quand vous me verrez près de mourir, donnez-moi la tonsure…

Il ne put en dire davantage. Les convulsions commençant, un évanouissement semblable à la mort lui glaça tout le corps. Le métropolitain et les évêques, croyant qu’il rendait l’âme, s’empressèrent de lui donner la tonsure et l’appelèrent Païsius, de son premier nom de Pierre, qu’il portait avant son avénement à la principauté.

Ensuite ayant proclamé prince le jeune Bogdan et salué régente la princesse Roxandre, sa mère, ils expédièrent des dépêches à tous les boyards du pays, ainsi qu’aux boyards émigrés et à tous les commandants des armées.