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la naissance et du rang, et, plaçant en dessous celles des boyards de seconde classe, et celles des boyards de première classe au-dessus, il forma une pyramide de quarante-sept têtes ayant à son sommet celle du grand logothète. Cela fait, il se lava les mains, se dirigea vers la porte latérale, tira le verrou et la barre de bois qui la fermait, et entra dans l’appartement de la princesse.

Depuis le commencement de ce drame, la princesse Roxandre, ne connaissant rien de ce qui se passait, était dans une mortelle inquiétude. Elle ne pouvait apprendre la cause du bruit qu’elle entendait, car, d’après la coutume barbare du temps, les femmes ne quittaient point leurs appartements les jours de cérémonie ou d’une réunion quelconque ; quant aux servantes, aucune n’aurait osé se risquer au milieu d’une soldatesque indisciplinée. L’une d’entre elles, pourtant, plus courageuse que les autres, s’était glissée dehors, avait entendu les conversations, et, comprenant qu’il s’agissait d’une émeute, était revenue à la hâte pour avertir sa maîtresse.

Depuis ce moment, l’anxiété de la bonne princesse, qui redoutait pour son mari la fureur du peuple, ne faisait que s’accroître.

Le prince, en entrant, la trouva entourée de ses enfants et agenouillée devant l’image de la Vierge.

« Ah ! s’écria-t-elle, Dieu soit loué, je vous revois ! j’avais horriblement peur !

— C’est pour cela que, suivant ma promesse, je vous ai préparé un remède contre la peur. Suivez-moi, princesse.

— Mais quel était ce bruit, et ces cris que l’on entendait ?