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voir à son approche les reliques du saint tressaillir dans leur châsse.

Remontant ensuite dans sa stalle, il se tourna vers les boyards et dit :

« Messieurs les boyards, depuis le jour où j’ai repris les rênes du gouvernement, j’ai déployé une grande sévérité ; j’ai même poussé, je l’avoue, la rigueur jusqu’à faire couler le sang, quoique, j’en prends Dieu à témoin, ces sévérités coûtassent beaucoup à mon cœur. Mais, vous le savez tous, je n’ai agi ainsi que dans le désir de mettre un terme aux révoltes et aux trahisons qui désolaient ce malheureux pays, alors que de perfides ennemis ne cessaient de travailler à ma perte, sans souci de l’abîme où ils plongeaient la patrie. Aujourd’hui les temps sont changés ; les boyards, revenus à de meilleurs sentiments, reconnaissent que le troupeau ne peut se passer de pasteur, comme l’a dit le Sauveur lui-même : Je frapperai le pasteur, et les brebis seront dispersées. C’est pourquoi, vivons désormais en paix et aimons-nous les uns les autres comme des frères, conformément à l’un des dix commandements : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Pardonnons-nous réciproquement nos fautes, car nous sommes tous mortels et sujets à l’erreur, et prions notre Seigneur Jésus — à ce mot il fit un nouveau signe de croix — de nous remettre nos offenses, ainsi que nous le faisons à ceux qui nous ont offensés. »

Lorsqu’il eut fini cette étrange et incohérente allocution, il redescendit de sa stalle, s’avança jusqu’au milieu de l’église, fit de nouveau force signes de croix, et, se tournant vers le peuple assemblé, en face, à droite et à gauche :