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mets que je ne souillerai point mon sabre de ton sang. Oui, j’épargnerai tes jours, car tu m’es nécessaire pour me soulager des malédictions du peuple. Il est d’autres frelons dont il faudra que je purge la ruche. »

Comme le chien dont la langue lèche la main qui le frappe, Motzok baisa respectueusement la main de Lapuchneano ; la joie plus que l’effroi remplissait son cœur. Il savait que Lapuchneano ne pourrait se passer de lui. Les députés envoyés par Tomche avaient reçu ordre, s’ils ne réussissaient pas à détourner Lapuchneano de ses projets, de continuer leur route vers Constantinople, et, à force de plaintes et d’argent, d’obtenir de la Porte la destitution de Lapuchneano. Mais, voyant, d’une part, que ce dernier était venu dans le pays du consentement même de la Porte, et, de l’autre, craignant de retourner auprès de Tomche après le mauvais succès de leur entreprise, ils demandèrent à Lapuchneano la permission de l’accompagner. Ce fut Motzok qui suggéra cette idée à ses collègues, espérant, par ce moyen, arriver peu à peu, à l’aide de manœuvres habiles, à ressaisir les bonnes grâces et la confiance de son ancien maître


II


« Vous aurez à rendre compte, Madame. »


Tomche, trop faible pour résister, se retira chez les Munteni, tandis que Lapuchneano poursuivait librement sa marche vers la capitale, au milieu des acclamations