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cœur aux volontés de vos parents afin d’obtenir leur bénédiction. Honorez votre père et songez toujours à ce que votre mère a souffert pour vous ; car ce sont eux qui vous ont donné la vie. Puisse leur bénédiction et celle du Seigneur Dieu vous maintenir toujours dans la joie ! Amen. »

Après le repas, quand le jeune homme est sur le point de se retirer avec son épouse, le vatachel[1], qui porte un bâton orné de fleurs et de rubans et se tient derrière la fiancée, se lève et demande, au nom de celle-ci, pardon à ses parents en ces mots :

« Quand nous nous demandons, honorables parents, quel est le véritable bonheur de la vie, nous trouvons qu’il n’en est pas de plus grand ni de plus solide que celui que nous procurent les enfants. En effet, ce bonheur est, ainsi que le disent les philosophes, proprium naturæ, c’est-à-dire un bonheur réel et conforme à la nature ; car ils sont notre sang, ils sont d’autres nous-mêmes. Ce bonheur, la Sainte Écriture l’atteste aussi : « Votre femme dans l’intérieur de votre maison sera comme une vigne fertile et abondante ; vos enfants, comme de nouveaux plants d’oliviers, environneront votre table. Vous voilà donc aujourd’hui, vous, honorable père, ainsi que votre épouse, au comble de la joie. Contemplez tous deux le bonheur pur, réel et sans mélange de votre fille, et jouissez de la joie intarissable des parents. Car voici que, d’abord par votre volonté et ensuite par vos bénédictions, votre bien-aimée fille devient, pour toute sa vie, la compagne de notre frère N***. Parvenue à cet âge heureux, votre enfant en quittant

  1. Espèce de substitut-maire.