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que le gros de l’armée est resté en arrière à peu de distance, qu’il s’avance pour prendre d’assaut la forteresse. Les parents s’en vont alors, avec les prisonniers, à la rencontre du promis qui se présente avec une suite plus ou moins nombreuse. Lorsque les deux partis réunis sont arrivés en face de la demeure de la fiancée, ils se livrent tous ensemble à l’exercice de la course qui simule un tournoi. Les cavaliers les mieux montés et qui arrivent les premiers au but reçoivent des mains de la fiancée un voile brodé d’or ou de soie.

Ces exercices finis, tout le monde se rend à l’église. Le jeune marié et sa fiancée se tiennent debout sur un tapis où l’on a jeté des pièces de monnaie, témoignant par là le peu de cas qu’ils font des richesses pour ne chercher que le bonheur domestique. Lorsque le prêtre dépose sur leur front la couronne nuptiale, un des assistants jette à droite et à gauche des noix et des noisettes pour montrer que les jeunes mariés renoncent à tout jamais aux jeux de l’enfance et que des objets plus sérieux occuperont désormais leur vie.

De retour à la maison, un dîner est servi. Les mariés occupent le haut bout de la table ; à droite et à gauche se placent les beaux-pères et les témoins. Alors un des frères, ou, en son absence, un des plus proches parents du jeune homme, se lève et lui adresse la parole en ces mots :

« Frère, vous voici arrivé à l’âge du mariage et de la joie ; notre père vous accorde une place à sa table et vous marie aujourd’hui en vous unissant à une autre famille. Gardez toujours néanmoins la mémoire de ceux à qui vous devez le jour et conservez toujours votre amour à vos frères. Continuez à demeurer soumis de