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étrangères, est bien plus belle que celle des siècles précédents, et n’en est pas moins française.

Si donc, à côté de l’élément d’origine romaine, je trouve d’autres éléments dans les Doïnas, ce n’est pas un reproche que je vous fais, c’est un fait que je constate, et ce fait est pour moi fort important. Il me montre, dans le peuple roumain, un de ces peuples dans les veines duquel le croisement a su atténuer les premières vivacités du sang, et infuser les idées de mansuétude qui seules peuvent le conduire à la conquête légitime de son droit, en le montrant capable d’accomplir ses devoirs. Un peuple qui comprend ces deux idées est un peuple émancipé par la tête ; le corps ne peut tarder à suivre.

Après tout ce que je viens vous dire, vous me croirez, Monsieur, si j’ajoute que je n’ai pu lire sans émotion votre lettre à M. John Lemoine[1]. Au

  1. À M. JOHN LEMOINE
    Le 18 juin 1853.

    Monsieur,

    Un article du Journal des Débats sur la poésie serbe m’a inspiré l’idée de publier le livre que je prends la liberté de vous adresser aujourd’hui.

    Les livres, Monsieur, comme toute chose ici-bas, ont leur destinée et leur chance particulière ; aussi tous mes efforts, pour faire paraître celui-ci plus tôt, ont-ils été vains.

    Aujourd’hui l’attention publique étant fixée sur les événements de l’Orient, je crains fort que l’apparition d’un recueil de poésies ne