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deux fois en s’écriant : « Aide-moi, Seigneur Dieu ! » puis il saisit une hache et se jette comme un lion rugissant sur les Tatares.

Les Tatares crient : « Aman ! » et disparaissent !

Voyant cela, Groué se rend aux écuries du vieux khan. Arrivé à l’entrée, il aperçoit un cheval qui hennissait, un poulain de quatre ans, et qui devait en avoir cinq à l’été prochain.

Groué s’en approche, le touche de sa main pour essayer ses forces et le fait rouler sur les poutres.

Ce n’est pas un tel cheval que Groué désire !

Mais voici tout au fond de l’écurie, là-bas, un cheval noir aux formes rondes, un cheval qui n’a jamais vu la lumière du soleil depuis que sa mère l’a mis au monde.

Groué s’avance vers lui, le saisit par la crinière et le secoue fortement, mais sans pouvoir le faire bouger de sa place.

C’est bien là le cheval qu’il faut à Groué.

Après l’avoir fait sortir des écuries, Groué le selle, lui met la bride, l’embrasse sur les deux yeux et le monte. Ils partent. En trois bonds le cheval s’arrête à l’entrée de la tente du vieux khan.

À cette vue le Ghiraï soupire tristement et dit : « Oh ! Groué, fameux vaillant, je te pardonne, mais jure-moi de ne jamais vendre mon cheval noir à un montagnard ; les montagnards sont gens de ruses. Vends-le à un Moldave, les Moldaves sont plus riches, plus généreux ; ils ont une âme plus fière !

« Le Moldave aura soin de ce beau cheval pour parader aux fêtes et aux noces, et, si un jour je le ren-