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de Roumains dont les ancêtres, placés en sentinelles, à l’entrée du monde barbare, soutinrent pendant un siècle et demi, sans en être ébranlés, le choc de l’invasion, et servirent de rempart à l’empire romain.

Qui empêcherait de renouveler de nos jours cette politique, en préparant les Principautés Danubiennes pour le rôle que remplit la Dacie après Trajan ? Les circonstances sont demeurées les mêmes ; il n’y a de changé que les noms et les temps. Quelle résistance n’opposerait pas aux envahissements du slavisme une masse compacte composée de huit millions d’individus, d’origine latine, si les autres nations de l’Occident reconnaissaient hautement la communauté de race et d’intérêts qui lient leur destinée à la sienne ? Quel gage de stabilité pour le maintien de l’équilibre en Europe, que cette Roumanie, si généreusement douée par la Providence, si, pour emprunter l’image poétique de son peuple, « les divers rameaux du chêne, éparpillés autour de son vieux tronc, reprenaient leur place primitive, pour reconstituer l’arbre majestueux, le noble roi des forêts ! »