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delà du rivage maudit, il a des frères par le sang ; que la Roumanie ne finit pas aux montagnes qui bornent sa vue ; qu’au-delà de ces montagnes et jusqu’au cœur de la Hongrie, au-delà du faible ruisseau[1] qui le sépare de la Bucovine, comme au-delà du Danube et jusqu’aux limites de la Macédoine, au-delà du Pruth et jusqu’au Dniester, les monts et les vallées, les plaines et les rivages, nourrissent des hommes dont la race est la sienne, dont la langue, la religion, les mœurs sont les siennes, et qui, comme lui, quel que soit le maître du sol qu’ils foulent, répondent au passant qui les interroge : Sunt Rôman, je suis Roumain.

Il est ainsi huit millions et plus de Roumains, jetés d’un seul bloc dans la Moldo-Valachie, la Hongrie, la Bessarabie et les contrées adjacentes, sans parler des colonies disséminées par groupes par delà le Danube et le Dniester, — huit millions


    Cand lacustele vor trece
    La ist mal se se înece !
    Holerile cand or trece
    Pe la mijloc se se’ nece !
    Dușmaniĭ țeriĭ de-or trece
    La cel mal se se înece,
    Ear tu’n valurile tale
    Se’ ĭ tot ducĭ, se’ ĭ ducĭ la vale
    Pan’ in Dunere și’ n mare
    Pan’ la Jaduluĭ hotare.

  1. La Molnitza.