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quent anathème a exprimé l’antipathie d’une race pour une autre race :


LE CHANT DU PRUTH[1]


Pruth ! rivière maudite !
Puisses-tu devenir large
Comme le déluge aux eaux troubles !
Que le rivage ne puisse voir le rivage,
Ni la voix entendre la voix,
Ni les yeux rencontrer les yeux,
À travers ta vaste étendue !
Quand les sauterelles passeront,
Qu’elles se noient dès l’autre bord ;
Quand les choléras passeront,
Qu’ils se noient au milieu de ton cours ;
Quand les ennemis du pays passeront,
Qu’ils se noient près de notre rive !
Et toi, Pruth, fier de tes eaux,
Puisses-tu les porter, les porter encore,
Jusqu’au Danube, jusqu’à la mer,
Et jusqu’à l’entrée des enfers !


Il ne se doute pas, l’ignorant Roumain, et la savante Europe ne le sait guère plus que lui, qu’au-

  1. CANTICUL PRUTULUI.


    Prutule ! riŭ blastemat,
    Fecete-aĭ adinc și lat
    Ca potopul tulburat.
    Mal cu mal nu se zarească,
    Glas cu glas nu se lovească,
    Ochi cu ochi nu se ajungă
    Pe intinderea ta lungă.