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des gladiateurs[1], cet usage des sobriquets qui s’ajoutent et se substituent même aux noms de famille[2], l’obole qu’ils placent dans la main du mort, au moment où ils le déposent dans la bière[3], les pleureuses qui l’accompagnent jusqu’à sa dernière demeure en mêlant à leurs sanglots l’éloge de ses vertus ou de ses belles actions, l’habitude qui s’est conservée dans les campagnes lorsqu’on puise de l’eau à une fontaine de répandre à terre une petite portion du liquide, en soufflant à la surface, comme une libation en l’honneur de la nymphe de la source[4] ? Sans doute le sens de ces traditions mythologiques s’est entièrement perdu parmi le peuple ; ce qu’il fait, il ignore pourquoi il le fait et depuis quand il le fait ; il sait seulement que ces usages étaient ceux de ses pères.

Quand vous parcourez ces ballades, vous vous trouvez en pleine mythologie. Le soleil vous apparaît encore, comme au temps d’Ovide, sous les traits

  1. Il y a encore aujourd’hui, la lutte des braves, celle des bergers, etc. Voyez, entre autres, la ballade de Mihou, pag. 169.
  2. Ainsi la tradition a conservé les noms des brigands Boujor (Pivoine), Tunsul (le Tondu), Groza (la Terreur), de même que l’histoire nous a transmis ceux de Locusta voda (le prince Sauterelle), Tzepek voda (le prince Empaleur), etc.
  3. Quelquefois la pièce de monnaie (c’est ordinairement un para, ou environ deux deniers de notre monnaie) est collée au cierge que l’on place sur la poitrine du mort pour être enterré avec lui.
  4. Voyez la ballade de Neluca, pag. 41.