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d’aussi dramatique que la ballade de Brancovane et celle de Manoli, de plus touchant que Miorita, de plus gracieux que le Coucou et la Tourterelle, j’avouerai que je suis moins sensible encore au charme naturel de cette poésie, si naïve et si pathétique, qu’au plaisir de retrouver dans ces chants, qui ne portent point de noms d’auteurs, parce qu’ils sont l’œuvre de tous, l’expression la plus directe et la plus sincère du génie du peuple roumain. Ce point de vue frappa sans doute aussi M. Alexandri, et l’encouragea dans ses recherches. Ce n’était pas assez de rappeler la gloire passée de son pays ; on avait tant répété que les Roumains étaient des Slaves, qu’il était bien aise de prouver à son tour, par la similitude des mœurs, des coutumes, des superstitions locales, qui, plus que tout le reste, gardent l’empreinte primitive, les origines et la descendance légitime de ses compatriotes. Justifier ainsi le passé de la Roumanie en réfutant un mensonge intéressé, c’était en éclairer, peut-être en préparer l’avenir.

Les Roumains, des Slaves ! quand tout chez eux, tout ce qui sert à caractériser un peuple, les mœurs comme le costume, les usages comme la langue, la physionomie, la religion même, malgré les changements apportés par le christianisme, fait souvenir de l’ancienne Rome ! Est-ce des Slaves qu’ils ont emprunté ce goût des exercices corporels et ces simulacres de combats qui rappellent les luttes