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légendes. Époque charmante dont le souvenir lui plaît encore ! Que de fois il m’a raconté les épisodes de ses poétiques excursions, ses haltes dans les ruines qui avaient abrité autrefois quelque brigand fameux, ses conversations avec les anciens des villages, les chansons recueillies en passant de la bouche des jeunes filles, la mamaliga[1] goûtée dans la cabane des paysans, et le soir (car de tels contrastes ne sont point rares dans ces contrées où l’on trouve tous les raffinements de la civilisation à côté des aspérités de la vie sauvage), l’arrivée dans quelque château où règnent le confort, l’élégance, les usages, et jusqu’à la langue de Paris[2]. Il avait rapporté de ces courses à travers champs un plus grand amour pour sa terre natale si belle, si poétique, et un plus grand respect pour ce peuple si opprimé et si bon.

Les poésies populaires, recueillies par Alexandri, se classent d’elles-mêmes en trois genres :

1o Les ballades (cantice batrinesti).

2o Les doïnas (doïne).

3o Les horas (hore).

Les ballades sont de petits poëmes qui célèbrent les hauts faits des princes et des héros po-

  1. Bouillie faite de farine de maïs et d’eau, qui compose le fond de la nourriture du paysan roumain.
  2. Ce contraste a été indiqué fort ingénieusement par M. Alexandri lui-même dans une petite nouvelle (le Lac Blanc), qu’il a publiée l’année dernière dans l’Illustration.