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le langage des fleurs, du vent et des ruisseaux ; il s’arrête à la porte des chaumières, cause et rit aux belles filles, raconte des histoires d’amour, histoires presque toujours trempées de larmes. Ces doïnas, ces morceaux si courts et si pleins, ont toute la fraîcheur et toute l’énergie de la poésie d’un peuple qui renaît[1]. »

C’est que M. Alexandri n’a pas seulement été poëte pour son propre compte : la Roumanie lui doit encore le recueil à peu près complet de ses ballades et de ses poésies nationales. Lorsqu’il se voua à la pieuse tâche de rassembler ces lambeaux dispersés de la poésie et de la langue des aïeux, M. Alexandri fut doublement bien inspiré : car, en même temps qu’il restituait à la Roumanie ses titres littéraires sur le point d’être perdus, la fréquentation assidue de ces sources pures et fécondes retrempa à la fois sa pensée et son style, et la patrie lui rendit ainsi ce qu’elle avait reçu de lui.


IV


L’idiome roumain, même au temps des Phanariotes, ne s’était jamais perdu dans les campagnes. Tandis que les boyards et les lettrés vivaient

  1. A. Grün, Revue de l’Orient, avril 1854.